Zdey : « Mon art c’est une énergie, pas vraiment un concept imposé »
Zdey
Exposition “No Signal” – Galerie Artistik Rezo, du 23 février au 23 mars |
Derrière le malicieux personnage de Zdey et ses vortex colorés se cache un jeune et talentueux artiste français avide de découvertes et de nouveautés. On a voulu en savoir un peu plus sur ses inspirations et ses projets.
Zdey, c’est ton identité artistique mais c’est aussi ton nom et ta signature. D’où vient-il ? Zdey, c’est l’évolution de Sodey, mon ancien “blaze” dans le graffiti. Tu as commencé par le graffiti avant de peindre des Zdey dans la rue c’est ça ? Alors oui, je fais du tag depuis que j’ai 14 ans. Mon blaze c’est donc Zdey aujourd’hui et je fais du graffiti avec mon crew S1TR (un groupe de 15 personnes, fusion de S1+TR depuis 2007). Le graffiti est très différent du street art. Quand on pratique le graffiti, on ne va pas dans la rue en tant qu’artiste, on va dans la rue pour peindre, c’est tout. Pour moi, le graffiti c’est littéralement juste de la peinture sur des murs avec l’idée de diffuser son nom et son crew dans le plus d’endroits possibles. Un egotrip en somme mais dans une sorte de jeu vidéo en temps réel… Le graffiti c’est un trip que je partage avec mes potes, mais chacun a ses raisons et en a sa propre définition. Et Zdey, c’est un personnage, il veut signifier quelque chose, il à vocation a toucher un public au delà du monde des tagueurs. C’est même pour cette raison que je l’ai créé. Zdey, c’est en quelque sorte ton avatar artistique ? À l’origine, je l’ai pensé comme mon alter ego dans la rue. C’était une manière de laisser une signature plus visuelle, de faire passer des messages. Et puis j’ai commencé à le fragmenter pour le recomposer sous d’autres formes, comme mon travail sur toiles. Je commence maintenant à m’en détacher un peu, pour explorer des univers plus optiques. On te reconnaît bien sûr avec Zdey mais aussi grâce à ces constructions « optiques » réalisées par une succession de lignes et de couches de peintures dont tu as le secret. Cela m’est venu il y a à peu près deux ans au salon Vivatech où je faisais une performance live. J’avais mis du scotch autour de mon dessin juste pour l’encadrer. J’ai commencé une première version de couches totalement noir et blanc, et l’après-midi j’ai voulu changer : j’ai ajouté des couleurs. Ça a créé un effet d’ombres assez inattendu et puis en continuant encore et encore je suis arrivé à cet effet d’optique… un nouveau monde s’est ouvert ! Et maintenant j’ai un partenariat avec 3M, ça aide ! Et c’est aussi pour ça que le travail d’atelier et de recherche est essentiel ; la rue et l’atelier se nourrissent mutuellement et se répondent. Aujourd’hui, l’univers optique et ses lignes font évoluer et voyager mon petit Zdey. Est-ce que tu as un dessin préparatoire quand tu arrives devant un mur ? Pas toujours, ça dépend du projet. Quand je fais les vortex c’est assez instinctif. Par exemple pour l’Anticafé de la Station F, j’avais juste en tête l’idée de repeindre entièrement du sol au plafond, quelque chose de très immersif. Le visuel final m’est venu en le réalisant. Ma démarche artistique est plutôt une énergie mise sur une toile ou sur un mur, pas vraiment un concept imposé. Tu es très sollicité ces derniers temps. Après la Station F, une grande fresque à Aubervilliers en 2017, tu as été en Italie, au Népal, au Brésil, en Colombie l’année dernière, tu n’arrêtes pas les projets ! Je suis un peu hyperactif, je ne supporte pas de ne rien faire, du coup ça me convient bien et je suis super content d’être appelé pour ces beaux projets. Après c’est vrai que ça s’enchaîne, mais il y a encore plein de choses à faire… J’aime bien prendre les choses à contre-courant. Si on me dit « viens peindre un mur », je réponds « pourquoi pas le sol ? ». Tu as peint plusieurs écoles, notamment au Népal et dans les Caraïbes sur la côte colombienne l’année dernière. La toute première c’était au coeur du 13e à Paris. Tu peux nous en parler ? Je travaillais avec des mineurs isolés (des jeunes placés sous la protection de l’enfance de Paris) du foyer Comité Parisien dans le 14e. On faisait des ateliers de groupes, je les aidais à faire des toiles. Il s’agissait d’utiliser le graffiti et le street art comme medium d’épanouissement et d’expression. L’école du 13e était désaffectée et allait être détruite. La fondation Paris Habitat, la Semapa et la mairie du 13e nous ont donné carte blanche pour l’investir tout l’été 2016. Au début j’ai voulu leur faire faire leurs propres dessins mais le temps passait et on n’avait rien de concret. Du coup je leur ai proposé un de mes dessins, modulable, et je les ai accompagnés pour le réaliser d’après ma démarche et ma technique. C’était en soi un bel hommage de la repeindre et un beau moyen de partager les valeurs de notre pays avec les jeunes ; c’est une institution de la République que l’on a peinte dans ses couleurs. Anna Maréchal [Crédits Photos © DR – Zdey] |
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